On dit que le rire est le propre de l’homme. Est-ce que nous rions assez ? Combien de fois par jour, ou par mois, utilisons-nous cette capacité dont la nature nous a doté ? Le rire est une excellente thérapie. Pour le corps physique : il fait travailler toute une série de muscles qui stimulent les glandes et les organes, et il active la respiration et la circulation sanguine. Pour le corps émotionnel : il dissipe la morosité, la mauvaise humeur, le stress et l’anxiété. Pour le corps mental aussi : il permet de percevoir les choses sous une autre perspective, et de les accepter avec plus de sagesse. 

Si les circonstances de votre vie quotidienne ne vous donnent pas souvent l’occasion de rire, n’hésitez pas à pratiquer le rire, comme vous pratiqueriez le yoga ou la méditation. Cinq ou dix minutes de rire par jour ont un puissant effet. Mantak Chia, dans son jardin du Tao, près de Chiang Mai, propose souvent des séances de rire à ses dis­ciples. J’ai rencontré l’été dernier, à Annecy, une charmante jeune femme qui a créé un club du rire. Ses membres se réunissent régulièrement pour rire ensemble. Il semble que des clubs semblables existent dans de nombreuses villes à travers le monde. Au centre spirituel de Schweibenalp, dans les Alpes suisses, une jeune fille organise régulièrement des séances de rire. Elle a un rire tellement communicatif qu’il est impossible de ne pas éclater de rire avec elle. 

Parmi les bons souvenirs de rire, ceux qui ont une place privilégiée dans ma mémoire sont les vieux films comiques, en particulier ceux de Charlot, de Jacques Tati et de Laurel et Hardy. En repensant aux scènes de ces films, on constate que ce sont souvent les malheurs d’autrui qui nous font rire le plus. On peut donc se demander pourquoi ces malheurs, s’ils sont tellement hilarants pour les spectateurs, ne le sont pas pour celui à qui ils arrivent. Je crois que c’est une question d’état d’esprit. Nous pouvons apprendre à rire de ce qui nous arrive, de nos malheurs comme de nos erreurs. C’est la meilleur manière de ne pas en souffrir et de les oublier rapidement. Et aussi de ne pas se prendre trop au sérieux. Il ne faut pas oublier que toutes nos perceptions du monde sont illusoires, puisqu’elles ne sont que des fabrica­tions mentales. Il est donc plus sage d’en rire !

En Thaïlande, les gens ont l’habitude de rire lorsqu’il leur arrive un petit accident, lorsqu’ils ont commis une mala­dresse ou fait une erreur. Au début, ça m’étonnait beaucoup de voir une jeune fille qui tombait avec sa moto se relever en riant, ou un serveur éclater d’un énorme fou rire parce qu’il avait laissé tomber une pile d’assiette. C’est en tous cas mieux que de se mettre en colère, que ce soit contre quelqu’un d’autre ou contre soi-même. J’ai essayé, et je me suis rendu compte que ça fonctionnait très bien. C’est simplement une nouvelle habitude à prendre. Et comme il n’y a pas beaucoup d’occasions de rire dans le monde actuel, c’est une manière d’en créer toute une série de nouvelles dans des situations où l’on avait l’habitude de réagir négativement. 

On se rend compte alors qu’une des façons de vivre en harmonie avec le monde, surtout lorsqu’il semble particu­lièrement violent et tourmenté, est de prendre les événe­ments, même les plus tragiques, avec humour, et d’apprendre à en rire. C’est le propre de l’homme de pouvoir faire ça, ne l’oublions pas ! Ceux qui jugent qu’il y a des sujets dont on n’a pas le droit de rire, sont-ils vraiment humains ? De même que le rire, l’erreur est humaine. Tout le monde en fait. Une des choses les plus importantes, pour créer un monde meilleur autour de soi, est de savoir pardonner les erreurs des autres. Et comme rien n’est impardonnable, rien ne doit nous empêcher de rire…

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