Pourquoi nos vies sont-elles si compliquées ? Pourquoi les structures de nos sociétés sont-elles si compliquées ? Pourtant la vie est simple. La nature fonctionne par elle-même, sans effort, et sans notre intervention. Les astres suivent leurs orbites, le soleil se lève et se couche tous les jours sur la terre, la pluie tombe, le vent souffle, les rivières coulent vers la mer, les plantes poussent, les animaux naissent, vivent et meurent… Pourquoi les hommes sont-ils les seuls à se rendre la vie si compliquée ?

Parce qu’ils n’acceptent pas les choses telles qu’elles sont. La nature leur offre des conditions de vie merveilleuses, mais ils n’en sont pas satisfaits. Ils veulent contrôler la nature et la faire fonctionner à leur idée. Et c’est là que les choses se compliquent. Ils se créent des désirs, des besoins, des attentes qui vont à l’encontre des lois de la nature. Ils ne comprennent pas qu’ils font partie de la nature, d’un tout harmonieux, et que ce tout fonctionne parfaitement sans leur intervention. Il leur donne sans réserve tout ce dont ils ont besoin pour vivre dans la paix, la joie et l’harmonie, sans stress, sans effort et sans conflits.

À partir du moment où l’homme veut s’opposer à la nature, et en même temps à sa propre nature, les choses deviennent très compliquées et très difficiles. Elles de­mandent des efforts considérables et s’accompagnent de luttes incessantes et d’amères souffrances. C’est comme faire remonter l’eau d’une rivière, au lieu de laisser le courant couler librement. Et en fin de compte, tous ces efforts ne conduisent qu’à des échecs et des frustrations, car la nature n’a pas l’intention de changer son cours pour satisfaire les caprices de l’homme. Elle aura toujours le dernier mot, remettra les pendules à l’heure au moment voulu et rappel­lera à l’ordre ou annihilera ses éléments dissidents.

Nous arrivons à un stade où les complications du monde sont si contraignantes – et les souffrances qui en résultent pour la majorité des habitants de cette planète si intenses – que la nécessité d’un changement important devient immi­nente. Les gens se rendent compte que les institutions qui contrôlent la société, même si elles sont devenues très sophistiquées et prétendent leur offrir tout ce dont ils ont besoin pour être heureux, ne font, en réalité, qu’augmenter leur stress, leurs problèmes, leurs soucis et leurs souffrances. Elles ne répondent plus du tout à leurs besoins essentiels.

Les gens sont épuisés par toutes les lois, règles et obligations qu’ils doivent respecter, ils ont l’impression que leur liberté est complètement aliénée et qu’ils ne sont plus que les esclaves d’un système sur lequel ils n’ont aucune juridiction. De plus en plus nombreux sont ceux qui désirent retrouver une vie simple, loin des obligations, du travail effréné, des tracas administratifs et de l’agression constante des médias, de la publicité et de la consommation forcée. Ils veulent quitter l’agitation et la pollution des villes et vivre à la campagne, une vie simple au rythme de la nature. 

On peut aussi trouver la simplicité dans la méditation ou toute forme de pratique spirituelle. Et comprendre que notre vraie nature est la simplicité, que toutes les complications qui nous accablent ne sont que notre propre fabrication, des illusions auxquelles nous nous identifions. Parce que nous ignorons notre vraie nature, nous pensons que nous sommes des entités isolées, que nous devons travailler pour gagner notre part de l’abondance universelle et nous battre pour survivre et préserver notre patrimoine.

Nous vivons constamment dans la recherche et l’élabo­ration de moyens complexes pour satisfaire notre avidité, comme la fabrication d’une prolifération de biens matériels coûteux et inutiles. Nous créons tout un armement destruc­teur pour combattre les ennemis créés par notre attachement à ces biens matériels et la peur de les perdre. Ces attitudes rendent notre existence extrêmement compliquée. La vie devient une source constante de frustration, d’anxiété et de souffrances diverses.

Cessons de convoiter avec avidité la panoplie de jouets inutiles que nous accumulons. Renonçons à contrôler les choses et les êtres en pensant que le pouvoir résoudra nos problèmes. Arrêtons de nous inquiéter pour l’avenir et de nous armer pour nous défendre. Alors nous trouverons la simplicité, la paix et l’harmonie. Acceptons les choses telles qu’elles sont, soyons contents de ce que nous avons et exprimons notre gratitude pour tout ce que nous offre la nature.

Nous faisons partie d’un tout harmonieux qui fonctionne grâce à l’énergie de l’amour et de la générosité. Nous n’avons aucun effort à faire et aucun stratagème compliqué à inventer pour recevoir l’abondance universelle. Elle nous est due si nous apprenons à créer, spontanément et sans préméditation, notre propre réalité pour le bien-être et la prospérité de tous. C’est la vraie simplicité. Celle de la non-action, le wu wei. Le Tao ne fait rien, et pourtant rien ne reste inachevé…

Ce texte est un chapitre du Guide du bonheur pour le troisième millénaire, de Pierre Wittmann.

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