LE GUIDE DU BONHEUR

LE GUIDE DU BONHEUR

Menu

Société ou communauté

Depuis plusieurs décennies, un nombre croissant de personnes trouvent qu’elles ne peuvent pas s’épanouir et trouver le bonheur dans la société moderne, et décident de vivre dans des communautés. Il existe aujourd’hui des milliers de nouvelles communautés dans toutes les parties du monde.

Une société et une communauté sont toutes deux des ensembles de personnes, des groupes sociaux. Le sens de ces deux mots est assez proche, ils sont même synonymes dans certaines acceptations. Une société est « un ensemble d’individus entre lesquels existent des rapports durables et organisés, le plus souvent établis en institutions et garantis par des sanctions ». Une communauté est « un groupe social dont les membres vivent ensemble, et ont des biens ou des intérêts communs ».

Une société est, par exemple, l’ensemble des habitants d’un pays. La plupart d’entre eux font partie de cette société parce qu’ils sont nés ou vivent dans ce pays, mais ils ne l’ont pas choisi. Si certains des membres de cette société ont décidé intentionnellement de venir s’installer dans ce pays, ils n’en ont généralement pas choisi les institutions.

Une communauté, par contre, est un groupe beaucoup plus petit, dans lequel les membres ont tous choisi de vivre. Tous les membres d’une société ne se connaissent pas personnellement, même s’ils vivent dans la même région géographique. Ils n’ont pas l’impression de vivre ensemble. Les membres d’une communauté, par contre, vivent ensemble – comme une grande famille – et se connaissent. Ils partagent en général des intérêts ou des biens communs et participent à l’organisation de la communauté.

Dans ce sens, un village ressemblerait à une communauté par sa taille et le fait que les gens se connaissent. Même s’ils ont parfois des intérêts communs, les villageois n’ont généralement pas de biens communs ; et ils ne participent pas à la plupart des institutions dont ils dépendent, qui dépassent le cadre local.

La majorité des gens qui choisissent de vivre dans une communauté ne sont plus d’accord avec la plupart des institutions qui régissent la société. Ils estiment que même si cette société est fondée sur le système de la démocratie, ils n’ont en réalité aucun moyen d’exprimer leurs idées et d’influencer les choix qui sont faits par les autorités. Ils ont l’impression d’être conditionnés et manipulés par les puis­sances politiques, économiques ou religieuses au pouvoir. Ils n’acceptent pas l’éthique selon laquelle fonctionnent les institutions, en particulier en ce qui concerne la protection de l’environnement, les droits de l’homme et la gestion de ces institutions. Et ils ne sont pas d’accord avec la plupart des principes, des croyances et des valeurs sur lesquelles la société est basée.

La communauté est un système social très ancien. Les tribus qui vivaient selon ce principe – certaines subsistent encore de nos jours – ont vécu pendant des dizaines de milliers d’années dans la paix et la prospérité, jusqu’à ce qu’elles soient décimées par les invasions coloniales. Les grandes sociétés ou civilisations, par contre, se sont succédées, pendant les quatre ou cinq mille ans d’histoire que nous connaissons, dans une suite ininterrompue de guerres, de crises et de conflits. Des périodes de décadence et d’obscurité ont alterné avec des périodes de gloire, de prospérité et d’éclat culturel. Aucune de ces grandes civilisations n’a duré plus de quelques siècles.

Même si les vestiges de la splendeur de ces sociétés nous émerveillent encore, nous constatons que plus ces civili­sations étaient grandes et puissantes, plus la vie de leurs populations était misérable et marquée par la souffrance, la frustration et l’asservissement. C’est toujours comme ça de nos jours, même si la plupart des gens sont tellement conditionnés qu’ils ne s’en rendent pas compte ou ne veulent pas le reconnaître.

Le retour à la vie communautaire ne veut pas dire le retour à un mode vie préhistorique, mais à une vie plus simple, plus saine et plus harmonieuse que la vie stressante, maladive et conflictuelle des sociétés modernes. Une vie paisible et proche de la nature, plutôt qu’une course effrénée après un progrès matériel et des richesses utopiques dans un monde artificiel. Une vie d’amour, de partage et de joie, plutôt qu’une vie d’égoïsme, de compétition et de violence.

Un des premiers objectifs des nouvelles communautés est l’autonomie. Elles s’efforcent de prendre en charge la plupart des besoins essentiels de leurs membres. Parmi les besoins vitaux de l’être humain, les plus importants sont l’eau, la nourriture, l’énergie, le logement, un certain nombre d’objets usuels, l’éducation, la santé, la spiritualité. L’idée est que chacun des membres participe, selon ses capacités, à la vie de la communauté, et effectue certaines tâches. Ces tâches sont plus gratifiantes et enrichissantes que les professions que font la plupart des gens dans la société moderne. C’est surtout la motivation qui est différente. Il est plus satisfaisant de travailler pour aider des personnes qui nous sont chères que pour gagner de l’argent et enrichir des entreprises anonymes.

Il existe de nombreux types de communautés. Certaines recherchent surtout l’autonomie, alors que d’autres recher­chent plutôt la vie communautaire ou le partage d’intérêts communs. Certaines sont fondées sur un cheminement spiri­tuel ou une pratique religieuse, alors que d’autres sont com­plètement laïques. Certaines sont basées sur des activités spécifiques dont les produits sont vendus à l’extérieur, alors que, dans d’autres, les membres travaillent à l’extérieur de la communauté. Certaines sont ouvertes à tous les nouveaux membres, d’autres imposent un certain nombre de condi­tions d’adhésion plus ou moins strictes, d’autres encore sont fermées ou ont une liste d’attente.

Un des points importants est qu’une communauté, pour être viable, ne doit pas excéder une certaine taille, qui serait de quelques centaines de personnes. Sinon il devient néces­saire de créer des institutions pour la gérer et on retombe dans les travers des sociétés qu’on a cherché à quitter. La plupart des communautés s’installent dans des régions cham­pêtres ou sauvages, à l’écart des zones urbanisées. Certaines restaurent des villages, des châteaux ou des monastères abandonnés.

Cet intérêt croissant pour la vie communautaire montre l’insatisfaction d’une partie de la population pour les conditions de vie et les valeurs de la société moderne, et annonce l’émergence d’un nouveau type de société, plus humaine, plus équilibrée et plus écologique. Beaucoup de gens se rendent compte que le progrès matériel, la techno­logie, l’argent, les loisirs et l’abondance des informations et des connaissances scientifiques ne leur procurent ni le bonheur, ni l’amour, ni la santé, ni la paix intérieure. Il vivent souvent dans un sentiment de solitude et ne réussissent à trouver ni un sens profond à leur existence, ni leur place dans une société cruelle, injuste et trop réglementée. 

La vie communautaire nous propose une vie simple et saine dans un bel environnement, au milieu d’un cadre naturel et accueillant, et au sein d’un groupe qui partage les mêmes aspirations et les mêmes valeurs. En donnant un autre sens et une autre dimension à notre existence, elle nous permet de satisfaire nos besoins essentiels trop longtemps oubliés, et de réaliser qu’ils sont les vrais ingrédients du bonheur.


Ce texte est un chapitre du Guide du bonheur pour le troisième millénaire, de Pierre Wittmann. 

Télécharger gratuitement Le guide du bonheur

Site créé par Pierre Wittmann